Notre rencontre n’était pas prévue. Mais quand je t’ai vue Tu m’as fracassé le cœur Pour y prendre ta place. Depuis, je ressens une rancœur Qui s’amplifie et qui menace Les vieilles habitudes Et les vieilles certitudes Qui sont miennes depuis des années. Bien que je sois ton aîné, Je n’aurai jamais dû croiser ton regard Qui m’a pris au dépourvu, Et qui me mène vers l’imprévu. En tous cas, ne t’attends à aucun égard Pour tes dix-huit printemps Car je suis amoureux et impatient. Je ne serai jamais déficient Car je compte bien me délecter longtemps Comme un voleur ; comme un mendiant ; Comme un adorateur ; comme un débutant, De tes lèvres pulpeuses et prometteuses ; De tes seins juvéniles en forme de pommes ; De tes cuisses soyeuses et duveteuses ; De ton sexe douillet et de son arôme ; De la jeunesse de ton corps d’albâtre. Je sais que je devrais chaque fois combattre L’immense joie mêlée de trouille Qui s’empare de moi lorsque je nous imagine Enlacés sur la même couche clandestine, Tandis qu’en frissonnant, tu mouilles, Portée au paroxysme par mes caresses Adroites, précises et talentueuses Qui parcourent sans fatigue ni cesse Chaque parcelle de ta peau laiteuse. Tu cries ; tu me supplies de te pénétrer ; Tu t’attends à un assaut sans ménagement. Moi, précautionneux, je tâche de m’infiltrer Le plus délicatement, parce que à ce moment Tu mérites le plus réceptif Et le plus attentionné ; Le plus inventif Et le plus passionné ; Le plus doux Et le plus patient ; Le plus fou Et le plus efficient, De tous tes amants. Tu es si jeune et si rafraîchissante ; Tu es si belle et si resplendissante Que je serai toujours câlin et aimant. Non, je ne suis pas gêné par notre différence d’âge. Nous nous sommes mutuellement choisis Et nous n’avons pas à nous encombrer de tels bagages. Après l’amour, je serai heureux de paresser, assoupi Et oublieux de toutes les préoccupations biologiques, Blotti contre tes seins aux galbes magnifiques.