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Le petit bout de femme
A un moral que rien n’entame.
Elle va pieds nus,
Foulant ronces et tessons de verre,
Sous ses plantes désormais cornues.
Elle s’en va, traînant sa vie austère,
Et ses jambes amochées,
Et ses chevilles écorchées,
Et ses cheveux poussière cendrée,
Et sa mine effondrée.
Au milieu de son visage cuivré,
Deux trous noirs hagards,
Regardent au hasard,
Faussement désœuvrés.
Elle va dans des guenilles
En lambeaux.
Sur ses épaules une misérable mantille.
Dans sa main, elle a pour appeau,
Un bâton terminé par un harpon.
C’est son outil de travail.
Munie de cet attirail,
Elle va tous les jours au charbon.
Elle va à la décharge, retourner
Les monceaux d’immondices citadines.
Elle espère trouver dans cette cantine,
De quoi pouvoir déjeuner,
Disputant aux corbeaux les meilleures prises.
Apeurée et chassée par le nombre,
Elle est écoeurée et sans surprise,
Quand elle quitte le tas de décombres,
Voyant qu’il serait inutile
De rester plus longtemps en ces lieux
Fétides, sordides, poussiéreux et fallacieux.
Sa frêle silhouette est en péril,
Car elle s’en va s’appuyant sur son bâton.
Son pas est lourd et hésitant.
Parfois, elle s’arrête un instant,
Pour s’éponger le front.
Elle s’en va sans colère,
Pareille à une grand-mère.
En fait, une dénutrition chronique
Par bien des ravages,
L’a vieilli avant l’âge.
Elle s’en va pathétique,
Retrouver la masure
Qui lui sert de logis,
Pour dormir avec ses écorchures.
Face à cette détresse, moi j’ai réagi.