Je vous trouve stoïque et sévère Pour qui vous aime et révère. En me refusant la chaleur de votre buste, Vous me condamnez à la flibuste. Eh bien, soit ! Cela ne me fait pas peur. . . D’ailleurs, pour gagner votre cœur Je relèverai le défi pour devenir forban ; Je serai Gérard, Hans ou Estéban Chef incontesté des fils du vent. Je voguerai par tout temps Ecumant les sept mers ; Rançonnant les plus riches galères Et pillant tous les ports A la recherche des plus beaux trésors. Je serai sur le pont sans cesse. Puis, quand je serai fatigué ; Quand le vent et le soleil, las d’intriguer M’adjureront de cesser ma quête de richesse, Je reviendrai déposer à vos pieds Si graciles dans leur albâtre immaculé, Tous les bijoux et tout l’or volés Qui vous seront totalement dédiés. Il y aura même de somptueuses étoffes inconnues Confisquées à de nobles voyageuses ingénues. Nul doute que vous serez encore plus belle Dans les robes que vous allez coudre. Je sais ; j’encoure réprobation et foudre Pour ma démarche inconvenante et rebelle. Alors, vous me blâmerez de manière inexorable . . . Et vous n’en serez que plus adorable ! Mais, vous me punissez déjà En ne me regardant même pas ; En ne m’écoutant même pas. Si au moins vous me traitiez de goujat, J’entendrais le son de votre voix Et je partirai, emmenant avec moi Les accords d’une douce musique. Avec ce souvenir acoustique, Mon exil sera moins pénible Et vous resterez inaccessible.