Et nous le perdons pour toujours. Lorsque tu seras vieille, Ce ne sera pas la peine de te maquiller. Tu n’auras plus ton teint de groseille Et tu ne pourras pas m’enquiller. Les années passeront et ce dont tu seras sûre, C’est le chagrin dont les morsures Te feront amèrement regretter De ne pas m’avoir écouté ; De ne pas avoir profité de ta jeunesse, Quand je te faisais une cour assidue ; Quand tu dédaignais mon inclination éperdue. Quand tu me répondais par des promesses. La bouche en cœur, tu répétais : « Plus tard . . . ! » Lors des soirs de grand cafard, Tandis que tu seras à ta fenêtre, Tu seras harcelée par le spectre De la jeune fille qui se voulait sage. Lorsque tu verras le triste visage Que te renverra chaque fois ta psyché, Te reprocher de n’avoir jamais pêché, Tu auras les yeux emplis de larmes Tandis qu’un indescriptible vacarme Résonnera sous ta coiffure. Amère, tu quitteras l’embrasure Pour ne plus haïr le couple d’amoureux Qui se bécote dans le jardin public ; Pour ne plus jalouser leur bonheur injurieux ; Pour ne plus envier leur étreinte impudique. Dans la chambre où tu te tiens casanière Tu auras le sentiment bien tardif D’avoir toujours été prisonnière De tous les préceptes maladifs De l’éducation que l’on t’a inculquée Et dont tu n’as jamais su te démarquer. Tu seras poursuivie par le souvenir De ce que tu n’as jamais commis. Chagrin et regrets seront tes seuls amis. La jeunesse ne pouvant revenir, Il te sera inutile d’invoquer les astres. Tu seras seule responsable du désastre.