Quand je repense à ma chère tante, J’ai le cœur lourd et la tête hésitante. Alors j’envie toutes les pierres Qui bordent le lit des rivières Et je maudis le temps assassin Qui foule les corps des fantassins. Meurtri, j’envie les chevaux au galop Dans le crépuscule de ma déchirure Tandis que des rêveries impures Cavalent dans un troublant chaos. Et je m’embrouille dans mon dilemme ; J’hésite entre acceptation et anathème. Quand je repense à ma chère tante Dont l’absence est exaspérante, Je me sens à nouveau orphelin Et mon cœur saigne de chagrin Car je n’aurai plus cette quiétude Quand je posais ma tête sur ses genoux. Comme elle était douce cette habitude. . . Sa main se promenant sur ma joue Me faisait m’endormir heureux ; J’étais bien auprès de mon adorée. A l’époque, le temps s’étirait langoureux. Je n’avais aucune raison de l’abhorrer. Depuis, ma tante m’a quitté un printemps Et je ne le pardonnerai jamais au temps ; Son coup de poignard demeure récent Et il s’écoule dédaigneux et indécent.