L’autre, je ne le connais pas Et, vu sa tête, je ne l’aime pas Parce qu’il n’a pas ma couleur ; Parce qu’en plus, il me fait peur. Je ne veux pas savoir d’où il vient. Mais je sais de qui il tient.
Surtout qu’il ne m’approche pas ; Surtout qu’il ne me touche pas : Je n’ai rien à voir avec lui. D’ailleurs, il n’y a qu’à nous regarder . . . Entre nous, c’est le jour et la nuit. Moi, je n’ai pas l’air d’un attardé.
D’ailleurs, ce n’est qu’un étranger Et moi je ne veux rien y changer. . .
Mais au fait. . . S’il ne me ressemble pas N’es-ce pas ma propre défaite ? Ne devrai-je pas faire mon mea culpa ?
Alors, ai-je réellement le droit de le haïr A cause de la couleur de sa peau ? Ai-je réellement le droit de l’éconduire . . . Comme moi, il erre dans ses oripeaux A la recherche de son devenir incertain. Alors, pourquoi devrai-je m’en méfier ? Pourquoi devrai-je me montrer hautain ? Pourquoi donc devrai-je le sacrifier ? Et, sur quel autel ?
C’est mon double ; mon frère humain. Je le reconnais en tant que tel Et je lui donne volontiers la main Pour faire face à la vie ; Pour avancer dans la nuit. Nous marcherons d’une même foulée Dans une confiance mutuelle ; Dégagés des moindres hostilités éventuelles. En faisant un, nous ne serons jamais refoulés.