Ne me demandez pas si je suis heureux ! Ne me demandez pas si la vie est belle, Mais demandez-moi s’ils sont nombreux Les exclus qui lorgnent vers la citadelle Quand ils ne sont pas tués à coups de pelle. Bien sûr, c’est toujours un événement accidentel. Ces gueux, vont nu-pieds dans leurs oripeaux. Ils vont faméliques, traînant leur misérable peau. Marre d’être rejetés. Marre d’être déconsidérés . . . Ils errent dans les faubourgs, titubant ; l’âme dépitée. Ils rôdent sans cesse en hordes, le cœur désespéré. Ils s’en vont par famille, les lendemains désenchantés. Quelque soit l’heure et quelque soit leur âge, Ils ont les yeux, les poings et le ventre pleins de rage. On leur a ôté toute perspective de vraie existence Depuis que les pouvoirs ont prononcé la sentence. N’ayant plus d’espoir dans leur lutte, Ils choisissent de se cloîtrer dans leur cahute Pour échapper aux chiens et aux gardiens Qui outrepassent et de loin leur devoir De protéger les âmes et les biens. Un jour, ces gardiens se feront avoir Par les puissants qui les grugent. Un jour, ces valets du capital Seront abandonnés après l’hôpital. Ce jour là, les traîne- misère seront leurs juges.