Ils vivent hors du temps. Ils vivent hors de l’espace. Ils ignorent ce qui les attend. Leur innocence est leur carapace. Ils paraissent déroutants Dans leurs manières. Ils paraissent hésitants Dans leurs cafetières. Ils paraissent confus Dans leurs raisonnements. Ils semblent capables de raffut Dans leurs égarements, Mais Ils ne sont pas dangereux. Ce sont de doux funambules Eperdument seuls dans leur bulle. Ils sont seuls et heureux. Alors, il ne faut pas les réveiller. Il ne faut pas les surveiller . . . Autour d’eux, la déraison gronde. Laissons ces doux rêveurs, Vivre dans leur monde A l’abri de nos haines et de nos fureurs. Pourvu qu’ils demeurent confiants. Pourvu qu’ils demeurent insignifiants. Souvent, lorsque je me sens accablé, Je voudrais leur ressembler. Qu’il serait bon de me sentir loin De tout ce qui me ferait envie ; De tous ces inutiles grands besoins Qui me pourrissent la vie.