Les obsèques terminées Par une belle journée, La nuit venue, Les morts dorment seuls Drapés dans leurs blancs linceuls. Ils ne sont pas saisis d’effroi. Ils acceptent ce qu’ils sont devenus. Ils ne sont ni à plaindre Ni victimes du froid, Car ils n’ont plus rien à craindre. Ils ont fuit leur vie de bagnard Et n’auront plus l’occasion d’avoir peur. Dés lors, qu’importent les cauchemars. Qu’importent les rêves en couleurs. Bien sûr, ils ne prodigueront plus de caresses Aux femmes qu’ils ont tant aimées, Mais ils ne connaîtront plus la détresse Des ventres souvent affamés. Ils n’auront plus à se révolter Contre l’hypocrisie et l’injustice. Ils n’auront plus à récolter Les maigres fruits de leur sacrifice. Ils ne verront plus l’aurore printanière, Mais ils feront l’école buissonnière Dans des nuages verdoyants. Oui ! . . . Finis les crépuscules flamboyants ; Finis les chants des oiseaux Les escapades à flancs de coteaux Le parfum des fleurs sauvages La gaieté des jours de fêtes Les folles soirées de breuvages Les lundis avec leurs salopettes . . . Là où ils sont, ils n’ont plus honte Et ne seront plus coupables de rien. Là où ils sont, ils ne rendent plus de comptes. Finie leur vie de galériens. Ils sont libres désormais Et on ne les y prendra plus jamais.