Je n’aime plus le mot tendresse Car il évoque pour moi la tristesse Dés que le souvenir de ma princesse Resurgit à grande vitesse. Je veux parler de ma tante son altesse. Elle était ma foi et ma déesse. Elle était mon refuge et ma forteresse. Elle était mon trésor et toute ma richesse. Si vous saviez quelle gentillesse Et quelle douceur et quelle noblesse L’accompagnaient partout sans cesse . . . Elle était droiture et sagesse. Dans sa bouche, pas un mot qui blesse. Elle ignorait le ridicule des petitesses. Dans ses dires, pas une bassesse Car elle tenait toujours ses promesses. Dans sa voix, pas un mot qui transgresse Même lorsqu’elle me défendait avec prestesse, Comme une lionne doublée d’une tigresse. Si vous saviez avec quelle délicatesse Elle me prodiguait maintes caresses. Si vous saviez mon ivresse Et quelle était ma paresse Pendant ma prime jeunesse, Lorsque je profitais des largesses De mon adorable duchesse Pendant des heures enchanteresses Quand elle passait ses mains avec justesse Et sur mon cuir chevelu et dans mes tresses.
Hélas, les ans qui passent amenant la vieillesse, Mon adorée est partie pour une autre adresse ; Victime de la faucheuse prodigue en scélératesses. Depuis, je ne connais plus l’allégresse. Dés lors, je tiens ma tante pour traîtresse Et je ne lui pardonnerai jamais sa maladresse Puisque son départ m’a plongé dans la détresse. Désormais, son absence est une indésirable hôtesse. Le temps ne connaissant pas de faiblesse, Je m’attends à de nouvelles prouesses.