Ecoutez-moi glorifier tous les nichons. Tous ceux dont je suis avide. Ceux qui font le bonheur des cornichons. Ceux dont la peau limpide Dans un albâtre immaculé, Laisse mon admiration inarticulée. Ceux qui sont ronds et pleins comme des melons Et dont on voit pointer les fiers mamelons. Ceux qu’on ne peut qu’entrevoir ; Les pâlichons qu’il faudrait ensoleiller. Ceux qui servent d’abreuvoirs Avant de devenir de doux oreillers, Une fois les bébés repus de lait maternel. Ceux à l’image du malin, Et dont le tissu cristallin N’est hélas pas éternel. Ceux en forme de poires Et qui suscitent de fols espoirs, Malheureusement vite dépités A cause des sottises débitées. Ceux qui sont gros et lourds. Ceux qui sont si beaux, si fragiles, Et pourtant abandonnés à des balourds, Ceux qui espèrent mes mains agiles. Ceux en forme de pastèques Dont les posters tapissent outrageusement Tous les murs des vidéothèques. Ceux vivant dans le châtiment, Et qui profitent d’un moment de liberté Pour sortir les soirs d’été, Lorsque la chaleur devient languissante ; Alors, en les croisant sous la lune naissante, On devine à travers un voile léger, De bien généreuses rondeurs Que le zéphire, espiègle rôdeur, Viendra de son souffle alléger, Offrant à des yeux incrédules et éblouis, Un spectacle adorable et inouï. Ceux qui traînent leur ennui, Et qui attendent la nuit Pour se défaire de leur carcan en dentelles, A la lueur des flambeaux ; Quand ils se retrouvent enfin libres et beaux, Vient pour eux le temps des caresses immortelles Sous des mains douces et bienfaitrices, Tandis que les lèvres se font inspiratrices. Ceux aux petits galbes, Et à la couleur pêche Qui seraient abordables, Mais que la bienséance empêche De se donner au premier venu. Ceux habitués aux camps de nu, Et qui perdent tout leur attrait. Ceux en forme d’obus Et qu’on effleure d’un air distrait. Ceux qui n’ont souffert aucun abus. Ceux en forme de grenades Et dont les tétons pleins d’orgueil Attendent le client sur le seuil.