Quand elles sont belles, elles trouvent normal De provoquer l’extase et la convoitise ; D’attiser le stupre et la hantise ; De rendre fous de désir tous les mâles Qui les dévorent avec des yeux hagards Où se mêlent incrédulité et invocations. Il n’y a jamais ! . . . Jamais aucun hasard Quant, par concupiscence ou pure provocation, Elles laissent paraître un peu de leurs mamelles. Là, elles ont l’occasion de se réjouir du tumulte Qui s’empare des mâles, adolescents et adultes Subjugués par une imprenable citadelle. Leurs yeux font penser à deux lacs paisibles Cernés par des prairies aux rivières bleues. Leurs regards rendent toujours malheureux Ceux dont l’espoir demeure indicible. Leurs bouches font penser à une coupe fragile Qui invite à s’enivrer de baisers subtils. Plus bas, elles arborent deux généreuses éminences Qui n’incitent aucunement à l’abstinence. Même si chaque homme les veut pour fiancées, Elles ne se sentent jamais menacées A cause de leur insolente beauté. Elles sont les reines inaccessibles de la cité. Que leur importent le chagrin et la colère. Elles les laissent tous avec leur chimère, Satisfaites d’être responsables de tels revers. Tous ces loups en rut n’ont qu’à aller au vert. Elles ne veulent pas de leurs sales pattes. Elles ne veulent pas de leurs boniments Combien de fois débités en hâte Durant les assauts emphatiques d’un moment. Parfois, certaines font fi des ruptures Et se mettent en quête d’aventures. Alors, elles veulent bien être approchées Si le dragueur n’est pas trop amoché. Viens alors le temps où elles sont apprivoisées Amusées, attendrie, conquise et puis toisées. Acceptant et subissant l’emprise De ces machos dont elles se sont éprises, Elles sont saoulées de mots impurs ; De reproches, de coups et d’injures. Captives de leur appétence immodérée, Elles se donnent sans hésitation, sans retenue À ces hommes presque inconnus. Acceptant d’être sans cesse déconsidérées, Elles offrent leurs plus douces friandises Jusqu’au jour où elles accusent de couardise Leurs tristes amants lorsqu’ils quittent le lit Pour déserter subrepticement le logis Les laissant seules avec leurs oreillers Alors qu’elles sont encore ensommeillées.