En cette journée ô combien radieuse, Regardez comme elle est belle ! Regardez comme elle est heureuse! Dans sa robe blanche, on ne voit qu’elle. Pourtant, tout à l’heure devant l’autel, Pendant un instant, l’idée de cheptel La rendit soudain lointaine et apathique. Elle avait le cœur comprimé Avant le « oui » fatidique. Puis, le consentement exprimé Et les serments et les anneaux échangés, Elle se sentie presque soulagée Et voulut oublier cette peur biscornue, Suscitée brusquement par l’inconnu De la nouvelle vie qui l’attend. La voilà au bras de son mari En plein soleil, au sortir de la mairie. Elle sourit pour cacher un souci latent. Tandis que les bravos fusent ; Tandis que sa belle-famille la fête, Elle se sent comme une intruse Et ne sait plus où donner de la tête. Elle songe à ses anciennes habitudes. Son cœur ne lui apporte aucune certitude. Certes, elle se sait aimée par son époux ; Elle sait toute la tendresse qui lui voue. Mais est-ce l’homme de toute sa vie ? Et, pourquoi l’avoir choisi lui ? Est-ce qu’elle lui restera toujours fidèle ? Est-ce que ça ne dépendra que d’elle ! Elle se sent tellement suppliciée Par toutes ces questions tardives, Qu’elle en oublie de remercier La plupart de ses convives Réunis autour du banquet. En face d’elle ses parents. Comme Ils vont lui manquer. Derrière son voile transparent, Elle scrute les visages Qui sont autour de la table, Cherchant parmi eux le plus sage. Il serait tellement charitable De lui venir en aide, Tellement elle se sent laide Dans son désespoir, De songer à déserter dés ce soir Et la chambre nuptiale Et le devoir conjugal. Elle sourit parce que le moment s’y prête Mais, décidément, elle n’est pas prête.