Je suis sur un monticule Jonché ça et là de renoncule. Il y a aussi des campanules. J’admire un superbe crépuscule Tandis qu’au loin, le blé ondule. J’ai à la main un opuscule Bien plus intéressant qu’un fascicule. Je lis tout haut toutes les bulles, Et derrière chaque mot que j’articule, Il y a après un point ou une virgule Toute la verve que l’auteur véhicule. Je me sens bien en prenant du recul, Quand soudain, mon cœur me bouscule Sans le moindre préambule ; Sans le moindre scrupule, A cause d’une jolie libellule Pour laquelle il s’enflamme et brûle A travers chacune de ses cellules. Si par hasard, elle a une particule, La perspective le stimule. Alors, il s’y croit et jamais ne recule ; Fait des projets et affabule. Il me provoque et spécule. Moi, je me sens ridicule Lorsqu’il stipule Que je dois rester sous sa férule, Chaque fois qu’il postule Pour le rôle de la crapule. J’ai honte lorsqu’il me manipule Au cours de nos fréquents conciliabules Pendant lesquels il m’accule Jusqu’à me rendre assez crédule Pour faire d’improbables calculs Au sujet de la belle qu’il adule. Je crains toujours qu’il m’inocule Cette grave maladie qui circule. Je me sens devenir nul Lorsqu’à bout d’arguments, je capitule En acceptant sa sempiternelle formule : Il commence par faire sa tête de mule ; Feint celui qui congratule, Et en rajoute quand il récapitule. Il finit en voulant faire de moi son émule. Je suis déjà un noctambule Et je ne veux pas devenir somnambule ; Je n’ai rien d’un funambule.