Eh bien, oui . . . Je l’admets ! Depuis longtemps je t’aime en secret. . . J’étais comme frappé par un décret. Je me devais d’être discret Quand je me tenais muet Là ; à quelques jets, Caché dans le bosquet Qui tourne le dos à la forêt Peuplée de chardonnerets. J’étais drôle avec mon bouquet. J’avais à la main des bleuets ; Des fleurs des champs, des genets De la fougère et quelques œillets, Et je te regardais inquiet. Moi, je me croyais coquet ; Toi, tu étais si belle avec tes colifichets Et coiffée de ton joli bavolet. J’étais toujours aux aguets Avec ce qu’il faut de respect Et la distance que la bienséance permet. J’aurais été un vrai benêt Si j’avais joué de mon galoubet. Il y avait dans ma poche, un livret Dont chaque feuillet Contenait un sonnet. Je les gardais hélas dans mon gousset. Je ne me sentais pas le toupet De te faire subir le camouflet D’une présence sans objet Fut-elle celle d’un baronnet, Ou de troubler tes projets Alors que je suis ton valet. Quand je m’en allais à regrets Pour retrouver mon chalet, Je faisais souvent un crochet En évitant de faire peur aux daguets Et prenant garde aux farfadets Qui me croisaient sur mon trajet. Je rentrais heureux, sous le courcaillet Lancé par les cailles pendant leur ballet. Le soir, devant mon chevalet En copiant sur mon carnet, Je me rappelais la finesse de ton poignet. Je m’appliquais alors à dessiner ton bracelet Et à faire l’éloge de tes traits doucets. Malgré mon talent qui promet Il n’y avait sur la toile, que le pâle reflet De ton doux visage d’angelet. Je n’ai jamais eu grand budget Et ainsi, jamais eu beaucoup de billets, Mais, t’inviter à un énorme banquet Devant une table aux savoureux fumets, M’a fréquemment rendu guilleret. Je pense souvent à un cabaret ; A une auberge ou un estaminet. J’imagine un somptueux buffet Dignes des plus fins gourmets. J’imagine plusieurs mets.