Si je n’avais pas grandi Je vivrais encore dans mon petit village. Un petit village n’ayant rien d’un paradis Mais où je pouvais insolemment faire étalage De la pleine insouciance des mes quatorze années. Je courais heureux dans les rues que j’aimais Et les filles étaient belles au cours de mes randonnées. Parmi elles, il y en avait une que je n’oublierai jamais. .
Si je n’avais pas grandi, je serais encore ce garnement Qui courait pieds-nus et les cheveux en bataille, Parmi les pierres, les ronces, les épines et les broussaille Ignorant les écorchures et les morsures sous le bleu firmame Alors que le soleil ami caresse avec douceur toute la campag Et que des bruits sourds mêlés aux chants d’oiseaux Etaient essaimés au dessus des nombreux coteaux Par une brise légère et sentant bon les fleurs des montagnes
Si je n’avais pas grandi, j’aurais eu tout le loisir De côtoyer ma tante en la regardant vieillir et embellir Tandis que les saisons se succéderaient lentement. . .
Si je n’avais pas grandi, je n’aurais jamais quitté Hédia Et depuis longtemps, nous serions mari et femme ; surement. Hélas, après mon départ, ma bien-aimée me répudia.
Je suis non seulement parti, mais j’ai grandi aussi, Et les années se sont succédées à une vitesse tellement foll Qu’elles m’ont mangé tous les espoirs engrangés ici.
Perdue cette tante dont j’avais fais mon unique idole ; Perdue Hédia que je n’ai plus revue depuis mon départ. Me restent des souvenirs dont je ne peux me défaire. Me reste cette amertume vivace qui me désempare. Me restent ces immarcescibles envies que je ne peux taire.
Contre la fuite du temps il n’y aura jamais aucun remède, Et il est puéril de toujours en vouloir à ce phénomène. Le sage se laisserait conduire là où le destin le mène ; Sans se poser de question ; sans espérer la moindre aide.