On dit que le bonheur est en soi… Mais il est si bien caché Que je ne puis le trouver… Suis-je myope à la fugue artistique ? Suis-je sourde à la symphonie céleste ? Ma vision intérieure est-elle faussée ? Pourquoi n’entends-je pas la musique de la vie ? Est-ce du sang qui coule dans mes veines ? Réelle, irréelle… Ne suis-je qu’une illusion ? Née de l’imaginaire d’un poète... Qui m’a laissé au pays des chimères, M’a abandonnée aux caprices de sa plume, Ne m’a pas fait goûter aux délices édéniques; A raturé le plus infime soupçon de sérénité, M’a couchée sur la feuille sans douceur, A oublié d’éclairer le seuil de mon cœur… Ô bonheur, dis-moi, où es-tu ? En chemin, t’es-tu perdu ? Demande ta route au poète… Qu’il efface les sombres lignes du passé ; Qu’il me fasse la grâce d’une amnésie salvatrice. Cesse de me faire languir ! À petits pas, viens vers moi. Je te ferai bon accueil. Je t’en supplie, ne tarde pas, Sinon, je ne sais ce qu’il adviendra… Le poète a joué l’insouciance, Mais il fait sombre dans mon âme. Veux-tu en gommer les ténèbres ? La lune, complice, guidera ta venue. Aide-moi à sortir de cette page jaunie, Souffle à l’oreille du poète ta secrète mélodie; Que dans ton encrier, il plonge sa plume Et que patiemment, au fil des mots, Il distille ton précieux élixir…