Elle vogue depuis tant d’années Dans cette mer de sérénité Elle vogue, elle vogue dans ces eaux, Sans rencontrer un seul îlot Elle est seule dans la nuit, Elle écoute le moindre bruit.
La vie est sous son ventre, Elle transporte la sienne dans son antre. Ce morceau de papier Est là tout replié.
Sur ces eaux parfois déchaînées, Elle se sent engouffrée, Descend au creux de ces rouleaux, Sent la fin du voyage sur ces eaux. Non, elle suit le courant, Remonte et va de l’avant.
Elle échoue sur cette plage, C’est le chaos, c’est le ravage. Toutes ces matières réunies Que la mer a si bien polies.
Elle est là dans sa noblesse cristalline, Attendant une main divine Qui va en prendre soin, Ballottée depuis tant de matins, Depuis tant d’années Sur cette mer écumée.
Elle a rencontré des bateaux à vapeur, Croisé ces monstres à moteur. La voilà sur ces galets, Côtoyant tous ces déchets.
Tout à coup la voilà déterrée Par les pattes de ce chien zélé. Il gratte, il gratte, encore et encore. Que fais-tu là Médor ? Dans son langage de chien, Il m’appelle, Viens, viens, viens!
Je l’aperçois toute scintillante Qui attend une main accueillante. Je la prends avec délicatesse, Quelle joie, quelle ivresse !
D’où vient-elle? Depuis quand flotte-t-elle? Le savoir est imminent. D’un geste percutant, Je la brise contre ces galets. Ce parchemin jauni m’apparaît.
Je le tiens dans mes mains, Il parait venir de si loin ! Délicatement je le déplie, Je vais savoir qui l’a écrit.