Un salon, Baigné de demi-teintes, Un salon qui bruisse du mouvement de la ville De rires, de cris, de compliments et de chants Remontant jusqu’aux persiennes de l’étage Sous une chape de soleil. Toujours le même salon, Et son odeur si particulière Vivante Comme celle de l’enfance, D’un père et d’une mère Du passage d’êtres familiers. Tout intérieur à son odeur Qui embrasse chacun. La pénombre créée par des stores baissés Enveloppait l’indéfinissable géométrie de la pièce. Je me souviens d’un fauteuil, Posé là Comme une ile Immergé dans son histoire. Un tapis sur le parquet ? Et nous deux assis Soit en tailleur Ou bien sur nos talons Presque en face l’un de l’autre. Nous parlions ; Le présent s’arrêtait là où haletait déjà l’avenir Nous attachions nos regards Déjà sur d’autres rives Plus en avant que celles de l’adolescence. Tu semblais déjà à l’heure De seize heures Vouloir te frayer un chemin par-delà L’absence du monde des adultes. Un silence, Puis un moment d’agacement, Une pensée, plus vive encore Éclaircit ton regard Posé. Soudainement Comme un couteau glissé Au creux de l’omoplate. Tu me dis Ton désir de devenir danseur. Je savais peu de la danse, A Jean-Marc Matos (danseur) Mais ta conviction annoncée Affirmée Me confondit. J’écoutais Du peu que je connaissais de ton tempérament Ce soudain fracas Fait de mouvements, de musiques, Et de sons, Qui seraient répétés plus tard. J’écoutais ton désir ; Et scellait sur lui ta propre détermination. Aussi, plus tard, très souvent Pensant à toi, J’accompagnais de mes vœux