Adieu, maîtresse
Adieu, maîtresse de mes très jeunes années,
Vous voilà partie pour le très long voyage ;
Je redeviens alors ce petit garçonnet
A qui vous remettiez bons points et images.
Les ans ont fait de moi un quinquagénaire,
N’altérant en rien mes souvenirs d’ enfance ;
Sur les flots de ma vie, vous étiez un repère,
Une force indicible dans mon existence.
Sur les bancs de notre école communale
Vous m’avez tout appris, les pleins et les déliés,
Les opérations, l’Histoire et la morale,
La politesse et les menottes à nettoyer.
De ce temps là, je garde un souvenir très doux,
Et quand ma plume m’entraîne vers les quatrains,
Votre visage me revient, je vous l’avoue,
Car vous, maîtresse, vous m’avez tenu la main.
J’ai toujours en moi ce parfum de craie blanche,
Près du poêle à charbon, je me chauffe encore ;
Je colorie un bel oiseau sur la branche,
Face au tableau noir, le calcul n’est pas mon fort.
Je trempais la plume dans l’encre violette,
Et vous étiez là, à veiller maternellement,
Forgeant déjà en moi l’âme d’un poète,
Mais aussi le cœur d’un homme, tout simplement.
Adieu, maîtresse de ma plus tendre enfance,
Je vous offre ces mots simples et sincères,
Tous emprunts d’amour et de reconnaissance,
Dans mon cœur, vous serez toujours mon repère.