Tranche de vie
Je ne peux pas blâmer ton mari c’est certain,
C’est l’homme de ta vie et autour des ses mains,
Tu as gravé le cœur de tes enfants, l’amour
Quelque part s’est donné. Il t’aura fait la cour,
Et tu seras tombée dans sa toile, bercée
Par les mots qu’il disait, vivant de sa pensée.
L’as-tu cru ? Je le crois, dansant les yeux fermés,
La valse de la vie vous aura emportés.
Il aura fait l’erreur que chacun de nous fait,
De n’entretenir pas le feu. Dans son méfait,
La flamme s’est éteinte et l’amour s’est figé,
Il n’a pas ressentit, chaque jour allégé,
Le poids de cet amour dispersé dans l’espace
La comète est passée ne reste que la glace
Maintenant qu’elle va vers un autre soleil,
Rien ne réveillera la belle en son sommeil.
Moi, qui me dis souvent que l’union est un gouffre
Un abîme sans fond dans lequel le cœur souffre
Je ne peux le blâmer, je suis moi-même un homme,
Sans doute différent, mais similaire en somme
Sur l’ardoise du temps, qu’ais-je de plus que lui ?
Je ne suis qu’un soleil, lanterne dans la nuit.
Je ne le blâme pas, mais comprends ta souffrance,
Et c’est là que je veux te donner l'espérance
Car tout finira bien par s’arranger un jour.
La lumière viendra, sans sonner, au détour
D’un chemin tortueux, difficile à gravir,
La main tendue d’un homme avec qui vieillir,
Te donnera du baume au cœur et cette fois,
Pas de vie imposée, tout sera de ton choix
Plus de prince charmant, de discours inutiles
Plus de faux gentlemans aux promesses futiles,
Rien de moins qu’un amant, qui viendra quand le soir,
Heureuse, tu voudras, parfois le recevoir.
Alors de cette vie à l’avenir austère,
Où ne plane plus rien qu’une date mystère,
De ces ternes soirées à ne plus se parler,
Et ces fades matins passés à s’éviter,
Tu ouvriras le zip au matin du divorce
Et te sentiras bien, dans ta nouvelle écorce
De femme libérée.