Sous les hautes ramures décoiffées par le vent, Je m’enfonçais, l’épaule courbe et le front bas. Sur la sente qui se déroulait sous mes pas, Ma botte se faisait lourde, et le sol fuyant.
D’un ciel saturnien tombait la loi mortifère Du temps, rongeant tout, des feuilles laissant les nervures, Et la terre assombrie de leur pourriture Déversait son humus au pied de la fougère.
Au loin résonnait l’écho des hommes au labeur, Rentrée des troupeaux et récolte des regains. J’allais plus avant dans une brume d’airain, Matité où se perdaient leurs sourdes clameurs.
Tandis que je voyais approcher la clairière, La nuit se parait d’une plus longue robe. Les branches où pesaient la châtaigne et la sorbe Resserraient sur moi leur étreinte mensongère.
Mais ni l’orme ni le tremble dans ce tourment, Où se consumaient en ultimes flammes rousses Quatre vingt-neuf jours déclinant en pente douce, Ne purent freiner ma course jusqu’au jour naissant.
Dans les premières lueurs de l’astre matinal, Mon doigt gourd sous le gant put enfin caresser La noire frondaison de tes cheveux dénoués, L’éclat mordoré de ta beauté automnale.