L’azur renaît au ciel, le bourgeon à la branche, Le merle grassouillet revient au nid d’antan, La tourterelle geint et la colombe blanche Vers le toit reverdi retourne en roucoulant.
Le grand saule voûté ride l’étang d’opale, La carpe de vermeil surgit des joncs amers, Les filets du pêcheur tendent leurs mailles pâles Vers le flot calme et pur d’où s’échappe l’hiver.
La source cristalline brode sur le vieux marbre Des festons écumants que l’onde vient ternir ; Elle gonfle la mousse, ornement des grands arbres Au pied majestueux qui creuse l’avenir. Dans les fourrés voisins, la violette s’éveille, Le perce-neige rit de sa clochette close, Ariane se débat, lisse son blouson rose, Froissé par les faunes qui bayent aux corneilles.
Partout, c’est le parfum de l’aube printanière Le parfum du soleil qui stylise les fleurs, Déchire les bourgeons, ravive les couleurs, Parfum renouvelé des roses trémières.
Et déjà, c’est l’amour qui fleurit sur les routes, C’est l’amour estival, gai comme un rêve d’or, Le courtisan badin qui sème la déroute Ou qui éveille au cœur le souvenir qui dort...
Je me souviens aussi d’une aurore morose, D’un seul rais de soleil dans le ciel sans ardeur, Mais, geste de clarté et de tendre douceur, D’une main d’ambre clair qui effeuillait des roses.