(1938 - après le différent tchéco-slovaque et la Mobilisation partielle arrêtée par l’Accord de Munich)
Le bel et triste automne est venu maintenant Et pourtant, ce matin l’air est doux et tranquille ; Une ample déchirure au ciel d’un gris pesant Met une écharpe bleue sur un coin de la ville.
La surface du fleuve a des reflets d’étain Donnant au paysage un aspect plus sévère ; Les feuillages roussis s’estompent au lointain Où flotte encor sur l’onde une brume légère...
Cette mélancolie rend presque douloureux Notre coeur mal remis de l’alerte récente ; Pourrons-nous vivre enfin paisiblement heureux Ou verrons-nous quand même une horrible tourmente ?
Ne nous égarons pas à scruter l’avenir ; Dieu seul a dans sa main la destinée de l’homme ; A nous de Le prier pour qu’Il daigne bénir Notre pays aimé, que « Douce France » on nomme.
Certes, ce n’est pas tout ; il nous faut mériter La résurrection des forces pacifiques ; Ô France, nous voulons à tout prix te sauver, Nous ferons s’il le faut des efforts héroïques !
Remplissant de grand coeur, partout notre devoir, Nous améliorerons chacun notre humble sphère ; Et grâce à tes enfants, France, tu pourras voir Refleurir les vertus qui te rendront prospère !