Vos
poèmes

Une incessante pluie emprisonne les choses
Entre ses filets gris.
Dans le parterre, encor frissonnent quelques roses.
Les oiseaux sont partis.

Artiste délicat, l’automne a voulu peindre
Avant de les cueillir,
Les feuilles que déjà la mort est près d’atteindre
Et va laisser pourrir.

Sous le pont mutilé, aux arches de fortune,
Se hâte un flot fangeux,
Où tournent, faisant craindre une crue importune,
Des remous écumeux.

Tragiquement dressés sur les nuages sombres,
Lamentables débris,
Témoins de jours cruels, s’entassent les décombres
De multiples logis...

... En ce monde souvent, la souffrance domine ;
Faut-il donc l’aggraver ?
Accumuler les deuils, les soucis, la ruine,
Est-ce donc triompher ?

De pénibles pensers m’étreignent en cette heure...
Tout est triste aujourd’hui ;
Il semble que le ciel, avec la France pleure
Et je pleure avec lui...

18 Octobre 1940