Je suis un marin sans navire Qui, chaque matin, à mieux aspire Et chavire quand le soleil se couche. Désorienté, j’ai perdu la raison, Mon Orient, mon horizon… La nourriture à ma bouche Perd son goût, Mon regard s’abîme. Je devrais me foutre à l’eau ou me foutre de tout… Vider mon sac ou ma bouteille de gin… Ne plus me réveiller, les cheveux ou les draps trempés… Regarder l’ombre qui dort à côté Et accepter qu’elle n’existe pas, Qu’elle soit partie il y a longtemps déjà. Sur un demi-soupir, je me saoûle pour le pire, Prêt à dériver vers un ciel impossible à franchir. Les vagues à mon âme ont emporté au loin ma mariée basse. Mes yeux doucement se ferment et j’accoste l’angoisse… Je suis une poupée de haillon Et le vent ne gonfle plus ma toile, ainsi font font font… Les murs maintenant chuchotent un drôle d’air… La bouteille d’alcool et de peur a tremblé, Oserais-je me lever ? Et j’ai entendu la complainte solitaire D’une sirène inconnue Dans cette bouteille… Mon corps de tissu Se réveille…