J'ai vu les mots se battre, se tordre, se perdre de sens Quand sens dessus dessous mon coeur à outrance Cherche, bat la mesure, et part en itinérance Infortuné, imprégné de trop peu d'insouciance. Un peu trop d'indifférence, Il cherche en transe A vider son gosier. Il continue de hurler pourtant Un peu trop souvent le souffle coupé, Telle une bête assoiffée, A contre-courant Se jette tête baissée, Dans la rivière de l'incertitude quand il s'agit d'aimer. Avec toi les mots sont tristes, austères, maussades. Ils sont beaux, choquants Parfois même ahurissants. Leur désuétude morbide part en croisade A la recherche de réconfort, forteresse dressée Bléssée, désertée, armée en pointillé. Pourtant il reste un seul de ces mots Qui de l'humanité engendre tous les maux Fléau que même Camus ne saurait point décrire. D'écrire sur ma peau, et lire passion pestilentielle, Je t'aime. Elire dans mon corps domicile mortel. Encore plus je t'aime. Ces mots qui sans contexte reste en index Sans trop savoir comment place ma vie en annexe. Les chapitres d'avant Sont gravés de mon sang. J'en arrive au milieu et les pages sont vides Mon corps s'alourdit et je deviens livide. Je les sens tourmentés dans mes veines cheminer Je les laisse résignée en tout me consumer Cet amas de cendre jamais aspiré par le temps Devient indélébile et trace jalousement Trois millions huit-cents soixante-seize-mille Autant de secondes qu'il faut compter habile. Quand le temps perd du sens et le sens perd ses mots Il faut remplir les lignes, remettre la barque à flot. Sans trop savoir comment au dernier paragraphe Je t'aime se mettent en place, pour une belle épitaphe.