Cellule de crise
Elle est assise là, pourquoi ? Machinalement !
Autour d'elle, le va-et-vient ne la perturbe pas,
Elle n'a plus de larmes, son regard est absent,
Sa fille debout près d'elle pleure tout bas.
La détresse de sa mère, elle n'y peut rien.
Par sa seule présence elle veut dire bêtement :
«Tu n'es pas seule, tu es vivante, tu vas bien » !
Tandis que la mère semble sortir du néant.
Les «pourquoi» fusent de toute part, la peur.
«Notre immeuble est en ruine où va t-on loger» ?
Un homme tout à coup sort de sa torpeur
«Où sont mes lunettes, je ne peux me diriger«.
«Mes médicaments sont restés sur la table
Je partais me doucher, suis parti en caleçon» !
Tandis qu'une mamie tout à coup s'affale,
Elle n'avait pas senti la plaie contre son front.
Les psychologues arrivent, parents, amis,
Les bénévoles accourent de tous côtés,
La ville a trouvé quelques lits, des abris,
Les bébés pleurent, le doudou est resté !
«Dans ma tête j'entends le fracas, murmure t'elle
Les hurlements de mes voisins ne me quittent pas,
Ce bruit, ces cris, collés à ma cervelle
Je n'en peux plus, c'est arrivé, pourquoi ?»
On installe des tables, des chaises, on recrute
Des aides, on a besoin de linge, de savons
De draps, de manteaux. On entame des listes
On a besoin de tout, d'argent et de maisons.
Ils sont venus les bras chargés, les pauvres du quartier,
Ici malgré la constante disette, on est solidaires,
On veut quels que soient ses moyens, s'entraider
Dans cette cellule de crise où tous se désespèrent,
Hommes et femmes affluent désemparés, main dans la main,
Pour affronter avec eux, d'horribles lendemains.