Combien de marins, combien de capitaines L’ont un jour trouvé belle, Et sont passés sur elle. Ils croyaient en la prenant un matin Qu’ils pourraient la dompter. Ils étaient partis vers Guérande Espérant y jeter l’encre, Mais le vent s’est levé Et la houle les a emporté Dans son lit, Elle les a couchés, Contre son sein, ils s’y sont endormis. Dieu, pourtant les a entendu prier Mais n’a rien pu faire À cause du tonnerre La mer a livré bataille Et de leurs corps a fait ripaille. Ils étaient beaux, jeunes, forts et braves Mais en un instant ils ont fait naufrage. En un instant elle s’était calmée Et avait glissé ses dentelles Sur le sable de la plage S’était faite dorée au soleil de midi. Mais sur la grève désertée Des restes du chalutier on a trouvé Déchiré il était Et sur les quais Pleuraient femmes, amis, épouses des marins, du capitaine Morts en service commandé Elle leur avait donné sa beauté Mais leur vie avait prise.