Je voudrais en un tour de main Vous confier, d’où me vient La passion des fleurs. Je la dois à celle Lorsque je n’étais qu’une frêle demoiselle Me berçait avec douceur. Elles me parlent d’un drôle de langage Je n’arrive pas toujours à tout capter. Lorsque j’étais petite fille, je cueillais Dans la prairie Un bouquet de pissenlits Ma mère me le déconseillait Elle provoquait selon elle, l’énurésie Mais paraît-il serait oracle Est-ce grâce à elle que je tiens mes prémonitions? Bon, ce n’est que supposition. En grandissant, grâce à la pivoine J’appris la modestie Mais comme on dit chez nous : « donne au cheval son avoine, Sinon tu auras les chevilles grossies » Ma mère planta des dahlias C’est à l’adolescence, que je devins instable À cause des ajoncs Plantés près de la mare, ils provoquèrent ma colère Et je fus bien réprimandée par ma mère. Vers mes vingt printemps le bégonia M’apporta des pensées sincères Mais grâce à l’Amaryllis de fleurs séchées Mon orgueuil et ma fierté Furent bien récompensés Grâce à ce poème de Rimbaud, que j’appris par cœur Et ma version plutôt théâtrale Que je fis lors de mon audition Pour le certificat d’études Devant toutes mes camarades au final. A l’âge des premiers amours On m’offrit des roses blanches Mais j’avais tellement le feu de la passion Que j’aurais préféré les roses rouges Et pouvoir écrire mes sentiments sur une page blanche. C’était à l’époque où vivant dans la rue des chênes Que celle-ci m’apporta le courage Qui me manquait pour faire preuve d’audace Pour devenir secrétaire Et me marier devant monsieur le maire. A l’automne de ma vie Je ne manquerai pas aujourd’hui De vous dire : « ne m’envoyez pas de chrysanthèmes » Car elles ne seraient pas dans le thème Blanches, elles sont signe de vérité Et rouge, elles voudraient dire que vous m’aimez. Je ne suis qu’Iris, certes une messagère Mais à trop vouloir, je me suis brûlée les ailes Heureuse, j’irais rejoindre ma mère Et vous regarderai du haut du ciel.