Un vent d’insoumission, De sourde rébellion, Souffle sur l’alphabet. Les lettres sont en transe Et mènent folle danse, Comme une sarabande, Qui exige, brigande, Que l’on délie les lettres, Hostiles à tout maître, De l’ordre qui les prive D’une vie affective, Les figeant en statues D’éternelle vertu. C’est ainsi que l’on vit Des l aimer des i. Et quel remue-ménage Dans ces corps par trop sages, Et quels feux attisés Par le moindre baiser ! Le ton était gaillard, Les propos égrillards, Même les maisons closes En avaient les joues roses ! Impossible d’écrire Sans déclencher des rires, Pas un mot magnanime Pour prêter une rime, Pas un seul écrivain Qui ne se sente vain ! Un grand cri me réveille, Haletant, je m’éveille. Je mets un pied par terre Sur un gros dictionnaire, Je feuillette, fébrile, Les lettres sont tranquilles. Alors,ce lupanar, C’était un cauchemar ?