Le Cavalet
Une verte prairie où des chamois s’ébattent,
Où, le printemps venu, ils jouent à saute-pattes,
Humant dans le matin une brise câline,
Qui leur flatte le poil, leur caresse l’échine.
Ici, dans la rosée, croît l’herbe fraîche et tendre,
Celle d’après la neige et qui se fait attendre.
Voluptueusement, ils frottent le museau
Sur les pissenlits d’or qui grisent les naseaux.
Après un long hiver, il faut se dégourdir,
Folâtrer , gambader, s’arrêter, repartir.
Regardez donc courir les hardis éterlous,
Ivres de cabrioles, sans souci du loup,
Leurs grands yeux innocents sous les cornes naissantes,
Attentifs aux échos de la forêt bruissante.
Là-bas, venant tout droit du lac du Mercantour,
Un ru joueur, en blondes cascatelles, court.
J’aime venir et me blottir contre un mélèze,
Penser, m’abandonner à cette douce ascèse,
Rêver, imaginer que dans une autre vie,
J’allais dans la forêt, chamoisant à l’envi.
2 août 2004