Lorsque je l’aperçus, triste dans la vitrine Je sus qu’il me fallait l’acquérir sans attendre, Car il me suppliait d’un œil humide et tendre ; Une onde de plaisir souleva ma poitrine.
Quand je le pris en main , un éclair de malice Fit frissonner l’encre jusqu’au bout de la plume, Je sentis dans mes doigts comme un feu qui s’allume, Je pénétrai dès lors dans une étrange lice,
Où les mots s’esquivaient en folle sarabande, Et se posaient, rieurs, au bout de mon stylo, Comme s’il s’agissait du bec d’un piccolo. Que faisais-je grands dieux au sein de cette bande !
Car je voulais écrire , un poème, un roman, Un essai, un pamphlet mais écrire à tout prix ! Oh qu’avais-je donc fait pour payer d’un tel prix Mon amour du français ,merveilleux talisman ?
Les mots que je formais étaient indéchiffrables, Ce stylo guilloché n’en faisait qu’à sa tête ! J’étais au bord des pleurs, il me souffla : J’arrête, Ce que j’ai à te dire est à peine pensable ;
Je te dois cet aveu, surtout ne sois pas triste, Avant que d’être à toi, j’appartins à Satan, Je t’ai fait trop de mal et je suis repentant, Mais tu dois maintenant trouver un exorciste…