Un vieux pont en mal d'aventure Gémissait à fendre son bois : << Ma vie ne fut qu'une torture, Mon coeur a mêlé bien des fois Ses plaintes à ton doux murmure, Belle eau qui coules dans les bois.
Rivière, toi qui cours le monde, Révèle-moi tous ses secrets, Raconte-moi la mer profonde, Les ports et les vaisseaux ancrés, Dis-moi si la terre est bien ronde, Parle-moi des temples sacrés.
Berce-moi des riants alpages Jusqu'à la plaine qui frissonne. Oh ! libère-moi de ma cage, Je veux voir les blés qu'on moissonne, Me chauffer au soleil des plages, Unir le printemps à l'automne. >>
L'on dit que quand la lune monte Le flot s'arrête de couler Pour dire au pont de jolis contes Et des légendes envolées. << Raconte, dit le pont, raconte, Ma tristesse s'en est allée. >>