Ils avaient le coeur gris, Les rêves endormis, On les trouvait changés, Presque des étrangers A leur propre famille, A la joie qui pétille. Qui aurait pu comprendre Qu'ils ne cessaient d'entendre Le bruit de la mitraille De leurs sombres batailles? Ils voyaient leurs amis A jamais endormis Dans la boue des tranchées, Leurs jeunes vies fauchées Par cette atroce guerre, Ah oui! la der des ders. Et eux fourbus, hagards, La peur dans le regard, Essayant de survivre Pour un jour enfin vivre, Retrouver leurs enfants Et un foyer aimant. Ils sont vieux maintenant, La plupart ont cent ans Et ne sont plus nombreux. S'ils radotent un peu Il ne faut pas en rire, Ils ont failli mourir Pour que nous soyons libres Et pour eux mon coeur vibre.