La fenêtre s’ouvrit sur un tendre visage Qui emplit de douceur le vaste paysage. La nue se fit légère et la brume argentée, Le vent fou s’apaisa en voix claire et flûtée. Du sommet de la Lauve au pas du mont Colomb, Venant droit du Gelas et du mont Férisson, Chamois et bouquetins en hardes accoururent, La terre se couvrit de subtiles jaspures, Le torrent se figea, imposant le silence, Les marmottes aussi retinrent leurs stridences Pour écouter la voix tombant du haut des cieux, Annoncer la venue de la mère de Dieu. Car c’est elle bien sûr, qui ce jour apparut En val de Fenestre. La nouvelle courut Par les lacs et les cols jusqu’aux plus lointains bourgs. Seigneurs et paysans vinrent des alentours Implorer la Madone et sa grâce infinie. Des pèlerins encore, il en fut d’Italie D’où le pape ordonna que sur ces hautes terres, Pour honorer, Marie s’élève un sanctuaire.