Ce sera une île ou bien un grand jardin Ou un coin de montagne. Je choisis la montagne, Sauvage mais pas trop, presque encore campagne, Eclaboussée de soleil au lever du matin. D'un ruisselet timide tintera le babil, Une étoile viendra puis deux, puis cent, puis mille, La nuit me conduira au pied d'un grand sapin Où je m'endormirai et où je rêverai, Le vent me parlera comme pour me bercer, La lune se posera au creux de ma main. De l'été à l'hiver, de l'automne au printemps D'un pas égal et doux s'écoulera le temps, Inondant de bonheur et de joie les chemins Où bondira mon coeur de jeune loup affamé Prêt à croquer la vie comme la liberté, Une fleur au chapeau, à la bouche un refrain. Les bruits de la forêt me seront familiers Et je retrouverai mon âge d'écolier Quand j'écoutais au sol, me croyant un indien. Je m'émerveillerai au cri de l'alouette, Ma tête tournera comme une girouette Saoûlée par les senteurs de l'écorce et du thym. Ma maison ne sera qu'une simple cabane, J'aurai pour compagnons un chien et peut-être un vieil âne, L'automne me vêtira de pourpre et de satin. Un feu me chauffera, oui un grand feu de joie, Un feu qui chantera et craquera le bois Et mes mains rougiront et se cuira mon pain. Oui c'est ainsi qu'il sera mon paradis, Lumineux comme un jour d'été en plein midi, Sa porte s'ouvrira sur tous les lendemains. L'amour y entrera et il se fera homme Et je mangerai avec toi toutes ses pommes Qui n'apaiseront pas notre désir sans fin.