Ma muse m'a rendu son tablier, Elle a fui les pages de mes cahiers Pour faire la fête avec d'autres muses. Et surtout ne me dis pas que j'abuse, Je sais, a-t-elle écrit sur une ardoise, Qu'avec dédain quelquefois tu me toises. Longtemps je fus ton esclave soumise, Il serait grand temps que tu t'en avises ! Pas un jour de congé, une relâche, Tu es surpris qu'à présent je me fâche ? Ah ! pouvoir enfin oublier les mots, Les rimes, avoir l'esprit en repos, Dormir la nuit et foin des assonances ! Je te vois bien en humble qui t'avances Pour me cajoler, me prendre à ton piège, Déterminé à me faire le siège. Tu resteras au pied de mes murailles Sans pouvoir un seul jour livrer bataille. Je me révolte et je sors de ma cage, C'en est trop ! Je ne veux plus être sage. Tu pourras bien pleurer, me supplier, C'est en vain. J'ai rendu mon tablier !