Je pars en te laissant sur la grève
Entre nous, s’est agité soudain
Comme une houle, un ressac
Un sentiment qui gronde
La fin d’un repos, le début d’un tourment
La tristesse d’antan et le regret des partants.
Nous avions entre nous tant de silences profonds
Des enfants comme mille cailloux éparpillés
Trop d’histoires pour ne pas se raconter d’histoires
Trop d’Histoire pour n’être pas emportés par l’Histoire.
O vague douceur, tentation noire
Crime perpétré de toujours trop rester
Je pars, maintenant, je pars,
Pour continuer de t’aimer,
Rester, rester encore, encore rester,
Serait donner à la mort un si dangereux crédit.
Je pars pour ne pas perdre le souvenir de t’aimer,
Pour aimer, toujours, encore et toujours aimer,
Je pars en été,
Te laissant sur la grève de nos amours lassées,
Je pars et pourtant je t’aime encore tant,
Je pars parce que je t’aime tant.
Le temps a parlé,
Ecoute le temps,
Il faut obéir et se plier,
Notre amour a cédé,
Il s’est plié, comme toutes choses en ce temps,
Au vaste Temps, à cette ombre cachée,
A cet intime ennemi,
Notre amour a fait son temps.
Vaste tristesse, douceur de la tendresse,
Je ne te laisse pas la haine, et n’emporte pas l’amour,
Mais te garde et me garde,
L’amour est ainsi fait que jamais ne cesse s’il est,
L’amour, toujours, reste, l’amour,
Est un vaste et calme cadeau,
Pérenne comme la houle qui s’agite doucement.