Libre de tout engagement
J'avais pour toi soulevé tous les voiles de la Cité d'Ispa
Et bu à l'intime source de ta vie,
Où te conduisant à l'intense soif du désert de Gobi,
Tu n'as point songé toi,
A boire à l'intime source de ma vie.
J'ai alors sur ma hanche alanguie tes mains posé,
Une qui me fit crier et l'autre pour me faire taire,
Et la chatte d'Occident imperceptiblement,
T'as fait devenir mon amant.
Pour t'avoir fait oublier l'aridité du désert,
En te parlant de la fraîche oasis de Zarzis,
De la transparence de la nuit en la moiteur de Djerba,
Jamais plus ne te dirai,
Regarde au loin la synagogue de Griba.
Ensemble,
Plus homme,
Plus femme,
Nous aurions pu oublier Eve,
Pour Lilith la pute,
La primitive compagne d'Adam,
Et toi Adam alors dans mes bras de catin,
Tu aurais déposé le goût de tes baisers,
Que tu n'aurais point tant craint de me donner.
Certes je ne t'aurais laissé me parler,
Que la tête renversée pour me supplier,
Me supplier de rester,
De rester encore,
De rester toujours,
Ton adorable, ton ineffable, inaltérée vipérine salope,
Passionnée, passionnelle, passionnante,
Femelle impudique insoumise au goût d'amère amande,
Se riant pourtant de toi,
Hiérarchiquement rebelle,
Et te disant, mélangeant tout, cher patron,
Que du désir, et du plaisir, et du feu d'avoir été,
Jamais, non jamais, tu n'aurais jamais rien appris,
Que d'être homme, je te dirais, rien jamais,
Jamais rien, jamais tu n'as jamais rien su,
Et de la femme, te dirais-je, rien jamais,
Jamais rien, jamais, tu n'aurais rien vu.
Alors le souvenir de mes bras deviendra,
Unique et lancinant souvenir,
Regrets de chaux vive,
Où les lambeaux de ma peau brûlée vive,
Claqueront comme un drapeau vivant,
Douleur arrachée à ton insoutenable légèreté,
Aventure meurtrière entre gens de bonne compagnie,
Pour Soldes de Tous Comptes,
O mon Sale Amant Raisonnablement Limité,
Adieu, je suis libre de tout engagement.
