Au café des flots bleus, les marins en goguette Gardent au fond de leurs yeux les îles aux rives blondes ; Prés du comptoir de zinc, rajustant leurs casquettes, Ils donnent de la voix, saluant à la ronde.
Leurs cœurs sont accrochés à leurs mâts de misaine, En un flot de fumée, ils chantent un vieux refrain Qui racontent l'écume et la mer souveraine, Les nuits tièdes embaumés au parfum de jasmin.
Tandis que le soir monte et déborde des grèves, Ils revoient, au delà de l'horizon lointain, Tourbillonner le vol des désirs et des rêves Et ils refont le monde une bière à la main.
Au café des flots bleus, les femmes sont jolies, Un accordéon joue sur un air langoureux, La fête est de bon ton, l'ivresse de la vie Secoue en sa mémoire des récits fabuleux.
Tous, en la chaude ambiance ont posé leur fardeau : Les filets à tirer si lourds et si rugueux Et les tempêtes folles qui leur courbent le dos, Plus rien ne compte plus en rade des flots bleus.
Au vieux café du port, les marins sont en joie, Oublieux un instant des îles aux rives blondes Ils reprendrons demain leur labeur de forçats Mais pour l'instant ils chantent et ils trinquent à la Ronde.