La planète, gravement, est sirène outragée, Avec des jours sans voix pour chanter l'allégresse, Son balluchon attend, dans quelque gare posé, A côté de milliers de départs en détresse.
Le monde est un bourgeon effeuillé avant l'heure, Trou de pierre, brèche vide, au vent venu d'ailleurs, Tous les calices convergent vers son sang répandu En des conflits réels, scandaleuses verrues.
En position d'offrande, il est une fontaine, Mais l'amertume traverse la bouche du poème, L'amertume secoue l'âme de la terre meurtrie... Mais où s'en va le temps, mais où s'en va la vie ?
La planète est sirène qui recherche son île, Son dos est écalé, ses nageoires fragiles, Au fouillis ombrageux des vagues qu'elle suit, Quelle est sa rêverie ? où s'en va-t-elle ainsi ?
Est-ce ce jour des morts qui me chagrine ainsi ? Bien triste est ma chanson de chrysanthèmes fleurie, Et je me pose alors la question que voici : Dieu est-il parmi nous ? Dieu est-il mort aussi ?