Sous des enseignes estaminettes, Le nez sur une roteuse, Respirer les gaz intestinaz des véhiculs. Buller à ces deux mètres carrés, En limite de chaussée Est très mode. Des gus s'étalent en grappes, En terrasse ils s'entassent dès que le soleil pointe Voisinent avec l'égout Arrondissent des bouches sur le bord D'une tasse ou d'une bière bien tassée Ils boivent sirotent, mongent et facondent. Consomment des comestibles qu'ils avalent gloutons, Comme l'ovule ovale gobe laid Le germâle qui le féconde. Les gusses les accompagnent, Le rouge qui glisse De leurs lèvres quand elles les collent Autour d'une petite cuillère, Parlent, fument De longues cigarettes brumeuses Aspirent dans de gracieux chalumeaux Les fronts cuisent sous la lumière d'une ville écrasée De chaleur. La sueur dans le verre de glaçons. Slupper dans une garbure, la lippe bien graissée, Machine à mastiquer, entre collègues sympas Éructer la besogne d'une matinée de bureau. Le garçon qui s'agite en bras de chemise blanche Diligence et équilibre Quelque chose de mécanique entre le geste et la soif. Il surfe avec son plateau dans ce labyrinthe Pour lézards à boyaux Café goudron, Soleil de plomb. Spectacle assuré des usagers des bus: Barbes, crânes, décolletés, Bras rougis, agglomérats butinant dans une rumeur De tonnerre nauséabond. Exhibition expéditive des appétits urbains Sous une illusion d'ombre Vautours contemporains Le bec dans un plat de frites Trempées du sang d'un steak Tandis que des insectes Inspectent la salade. Consommation trafic autour jusqu'à la lie À des tables de poussière que les voitures soulèvent Dans le bruit, les mouches et la sauce. Balayer d'un œil sous verre fumé La ligne surpeuplée du bitume surchauffé Et s'en trouver bien. Une tranche de ville découpée dans le beau temps Dans l'air gonflé de décibels. Polype tentaculaire ventousé au caniveau Chancre suintant les dessous de bar Et l'arrière cuisine Délit d’exposition Verrue surgie tout habitée dans un commencement de poubelle Et entre deux celles-ci Un spectacle de bouffe