J’écris sur un coin d’eau, dans une mer australe J’écris pour le turbot, l’espadon et le squale Je dis pour le futur des mots senteur varech Qui parlent des clairs-obscurs d’une vie de métèque
Je décris bien mon âme qui brûle doucement J’écris des mélodrames, des histoires d’océans Qui content les naufrages, qui disent les défaites Puis j’efface toutes les pages et parle de conquêtes
J’écris pour les voiliers, les navires que je croise Pour les grands pétroliers qui polluent et me toisent J’écris pour les sirènes, celles qui ne me voient pas Je dis que je les aime, que je traîne par-là…
Je parle de ma vie, qui n’est pas si grandiose De mes jours, de mes nuits et de mes ecchymoses Je dis mes certitudes, j’accuse mon destin J’hurle ma solitude, je deviens clandestin
J’écris quand la nuit tombe, des grands couplets de joie Je parle des ports du monde, des marins qui festoient J’écris par habitude, des stances ou des refrains Je prends des attitudes, pour masquer mes chagrins
Et chaque fois la mer, veut garder mes secrets Mes leurres, mes chimères et mes livres sacrés Elle se plait à plonger au sein de mon image Pour contenir ma foi indomptable et sauvage