Jazz
Il a d’anciens journaux
Et un whisky bourbon,
Il a un vieux phono,
Quelques microsillons,
Il écoute la musique,
Des standards de Bechet,
De la vieille acoustique,
Du vieux jazz de fauché,
Il s’appelle Calloway,
Comme le grand du bebop,
Il fredonne what’d i say
Et pour lui c’est le top,
Il veut du « frénésie »,
Des big-bands à l’ancienne,
Du vrai, du Count Basie,
De l’impro diluvienne,
Il vit en Louisiane,
Près du Mississipi,
Dans une caravane
Aux parois décrépies,
Il veut mourir ici,
Au bord de sa musique,
Survivre en autarcie,
Demeurer amnésique,
Oublieux d’un passé,
De l’antan, des meetings
Qui l’ont trop écorché,
Les temps de Luther King,
Il a perdu ses rêves,
Ses fleurs et sa Rosa,
Celle qui était sa sève,
Sa muse, son nirvana,
Il étreint son bourbon
En jouant kamikaze,
Et parcourt les sillons
D’un vieux vinyle de jazz.