Le vent du sud
Il évoque une mer, des plages et le soleil,
Les dunes du désert, les incendies du ciel,
C’est l’éternelle joie des races insouciantes,
C’est le rire hors-la-loi, la verve croustillante,
C’est mon vent, mon courant, celui qui me fait vivre,
Un chemin conquérant, qu’on ouvre comme un livre,
C’est l’onde bleu-marine aux reflets siciliens,
Les nèfles cornaline, le raisin corinthien,
L’éternité le garde, sur l’eau, dans les montagnes,
Dans les rues banlieusardes qui jouent à la castagne,
Il nous cingle la face, il nous courbe le dos
Et fait sa dédicace sur la voile des bateaux,
Il m’a fait voyager, dans l’antre d’un cyclone,
Des vieux trottoirs d’Alger, aux tours de Carcassonne,
Il casse par moments mes grisailles nordistes,
En m’assenant des mots d’indolence sudiste,
Il m’arrive de chanter, de siffler avec lui,
Des notes de Trenet ou de Ramazotti,
Des sons échevelés, défaits à l’infini,
Aux doux accents salés, du sud de l’Italie,
Comme la haute marée recouvre les récifs,
Il va inexorable, bousculant les esquifs,
Comme la proue d’un voilier s’engouffre dans l’écume,
Il disperse le sable pour dégager ma plume,
Quand j’irai me coucher dans un fond des Corbières,
Dans la glèbe froissée, auréolée de lierre,
Son souffle bienveillant bercera mon abri,
C’est ce bon vent d’autan ! aussi fou que la vie !
