L'endroit
C’est un endroit paumé, loin des images riches,
Loin du béton armé, des écolos qui trichent,
Loin des cerveaux caprins, des bobos affairistes,
Ici personne ne vient et c’est là qu’ils existent,
Il a fallu du temps, voire quelques décennies,
Pour que ces occitans se mélangent les vies,
On dirait qu’ils fuient l’homme et qu’ils recherchent Dieu,
Le parfum, les arômes des arbres religieux,
Lui arrive de la ville, du camp des besogneux
Le doigt sur la détente, le sourire ambitieux,
Le chêne est né ici, vieux comme le cimetière :
De l’époque de Grévy ou même d’Adolphe Thiers,
Le chien s’appelle Mickey, il vient du littoral,
Il est tout blondinet et s’associe sans mal,
Le chat est plus sauvage, il n’a pas de collier,
Et son libertinage tient de l’aventurier,
Les autres sont guillerets, de merveilleux chanteurs :
Des merles, des chardonnerets, quelques canards siffleurs,
Quant au faisan colchide au cri dur et râpeux,
Il n’est plus apatride selon son propre aveu…
C’est ici qu’ils s’emmêlent, jouant les cancaniers,
Comme les tourterelles au sommet des noyers,
Au milieu des raisins, des champs de tournesols,
Lui, redevient bambin, les autres, de grands-guignols,
Ils sont de ce pays aux parfums hérétiques,
Ils sont d’Occitanie, une vieille musique…
Un endroit plein d’abeilles, un lieu peuplé de joies,
Où l’on bannit l’oseille, où les oiseaux sont rois.