Dès l'heure éblouissante où l’aube se révèle Des odeurs authentiques au cœur de la Provence S’épandent doucement, drainées par la cannelle Mêlant les aromates aux vagues d’effluences
Une foule, déjà, défile dans la rue Tête haute, elle chemine, le regard dissolu Je la suis, emporté par ce grand bruit mouvant Que font les espadrilles quand elles vont en traînant
Plein de rythmes confus, le grand marché chancelle Il serpente à travers les places et les ruelles Les accents anglophones et provençaux s’exhalent Comme les cantaloups le font sur les étals
L’atmosphère animée aux essences odorantes Recouvre les crédences de produits provençaux Les huiles de l’olive, les savons, les lavandes Les rouges et les rosés, mûris sur les coteaux
C’est une profusion de parfums régionaux Les fromages de chèvre, les lucques de l’Hérault Là, les vinaigres à pulpe, ici, le bon cresson Du Gard, les picholines et d’Aix, les calissons
Sur ces riches éventaires qui bordent la ruelle S’en va mon front hardi, juste au-dessus des miels J’accorde mes doux yeux aux orchidées Barlie Qui me le rendent bien, ravies d’être anoblies
Près des vendeurs de cris, poteries, céramiques La Green Zebra s’affiche… d’un air cosmogonique Une tomate rayée, d’un vert jauni fugace Fierté du maraîcher, prêt pour la dédicace…
A l’ombre des platanes, j’irai pour me poser Par la douce rumeur je me ferai bercer A la brasserie Jeanne, à l’heure du Casanis, Je paierai des tournées ; au diable l’avarice !