Je suis né de tes fonds, de tes embruns humides, J’ai célébré ton sein, d’une fureur avide, Tu m’as donné la force, l’esprit et le courage, Pour mener ton flambeau au-delà des rivages,
C’est dans tes flots sacrés qu’avec un ton si doux Un essaim de sirènes me fredonnent à mi-voix, En habit de satin, lissant leurs cheveux roux, Un air de Nabucco qui me met en émoi,
Dans une barque ancienne, attelée d’un dauphin Je vogue à l’africaine au large des Bains-Romains, Dans ce théâtre d’eau qui s’étire en plein vent, Naissent mes fantaisies dans le soleil levant,
Et je retrouve ton eau qui tremble et qui flamboie Dans les criques de Mistral et du golfe gaulois, Je me plais à plonger au sein de cette image Qui demeure insoumise, indomptable et sauvage,
Je ne peux me passer de tes richesses intimes, Celles qui sont silencieuses, celées dans tes abîmes, Que tu m’offres parfois en contemplant mon âme Pour m’aider à survivre face aux démons infâmes ;
Ces diables méprisables qui ravagent nos côtes, Ceux-la même qui insultent nos âmes patriotes, Ces racismes insensés que crachent les rappeurs ; Une extermination ! qu’il nous prédisent en chœur,
Dis-moi, ô mer suprême ! que cache cette haine ? Faudra-t-il se soumettre à ces hordes urbaines ? Je connais ton amour… tu es Mare Nostrum, Éclaire notre esprit et le destin des hommes.
