On me dit
On me dit que j’ai tort de rejeter la mode,
Que l’bon vieux transistor n’est plus aussi commode,
Qu’il faut que je rajoute un peu d’eau dans mon vin
Et que je me déroute vers de nouveaux chemins,
On dit que mes habits en velours côtelé
Semblent trop surannés, qu’il me faut les jeter,
Qu’il faut que je remplace mon tout dernier Nokia
Par un d’une autre race, farci de news-médias,
Il faut que je balaye tous mes vieux préjugés,
Que je donne de l’oseille, parc’que c’est obligé,
On me dit, tu comprends tes idées sont antiques,
Plus besoin d’instruments pour faire de la musique,
On dit que ma voiture est d’un blanc obsolète,
Qu’elle a une pauvre allure, du genre croquignolette,
Que la prime à la casse n’est pas pour les pinpins,
Qu’il faut que je trépasse, devant ces margoulins,
On me dit, mon pauv’vieux, faut qu’tu sois réaliste,
Pourquoi être ambitieux puisque l’on nous assiste ?
Ainsi les mots labeur, travail, moralité,
Font partie des slogans qui sont désaffectés,
On m’affirme, par ailleurs, qu’il faut que l’on me purge
Des erreurs divulguées par les matons d’panurge,
Le but est d’imposer les désirs, les idées,
D’élites mondialisées, au nom du bien-fondé,
Je dois vous avouer que ces propos m’agacent,
Je refuse d’oublier nos discours pleins d’audace,
Nos années festivals, sans capotes ni Sida,
Nos 39 heures de gloire, avant l’ère des gagas…